ATAXIE CEREBELLEUSE HEREDITAIRE DU STAFFORDSHIRE TERRIER AMERICAIN

Test genetique


Le test génétique pour l’ataxie cérébelleuse héréditaire du STA a été mis au point, en collaboration, par Marie Abitbol (UMR955 INRA-ENVA de génétique moléculaire et cellulaire) et le laboratoire Antagene, suite à la découverte de la mutation responsable de la maladie. Il permet de détecter l’allèle muté et l’allèle sauvage et donc de déterminer le statut génétique du chien pour la maladie.

Le test est commercialisé depuis septembre 2008 par le laboratoire français Antagene (www.antagene.com) qui dispose d’une licence exclusive internationale. Depuis novembre 2008, un accord avec Antagene permet au laboratoire américain OptiGen (www.optigen.com) d'agir comme intermédiaire entre les propriétaires américains de STA et le laboratoire français.


Intérêts et limites du test génétique

Le test génétique permet de déterminer le statut génétique (homozygote sauvage, muté, ou hétérozygote) pour le gène responsable de la maladie. En fonction de ce statut, il est possible :

  • de savoir si le chien développera la maladie durant sa vie, avant même que les premiers signes cliniques se manifestent (test de dépistage) 

  • de sélectionner les reproducteurs et de définir les stratégies de croisement à mettre en œuvre pour limiter la propagation de l’allèle muté 

  • d'exclure cette maladie du diagnostic étiologique, après avoir réalisé l’examen clinique et les examens complémentaires nécessaires (test de diagnostic)

En aucun cas, le test génétique ne peut se substituer à l’examen clinique et neurologique et à la réalisation des examens complémentaires appropriés (imagerie médicale et analyse de LCS). Le diagnostic d’ataxie cérébelleuse héréditaire se fait d’abord par exclusion. Un test révélant un statut homozygote muté indique seulement que le chien testé développera la maladie au cours de sa vie, mais pas que les symptômes qu’il présente à un moment donné sont ceux d’une ataxie cérébelleuse héréditaire. Les examens clinique et complémentaires restent toujours nécessaires pour écarter les causes acquises possibles qui peuvent être moins graves et/ou traitables. Un test révélant un statut homozygote sauvage ou hétérozygote exclut l’hypothèse d’ataxie cérébelleuse héréditaire, mais les examens complémentaires restent nécessaires pour déterminer l’origine des symptômes observés. C’est pourquoi l’analyse du LCS et l’imagerie doivent toujours être réalisés en premier lieu. Le test génétique pourra être effectué pour confirmer le diagnostic.

La mutation découverte chez le STA est recherchée chez d’autres races de chiens, sans succès pour l’instant. Le test génétique ne peut donc être utilisé que chez les chiens de race STA (et croisés STA). 


Mise au point du test génétique

La mise au point d’un test génétique est un processus très long (une dizaine d’années en général, cinq ans pour l’ataxie cérébelleuse héréditaire du STA) et très coûteux : en effet beaucoup d’étapes séparent l’observation de quelques chiens ataxiques de la découverte de l'anomalie génétique qui permettra l’élaboration du test.

Il a d'abord fallu caractériser la maladie (description en détail des signes cliniques, de leur évolution et des lésions) pour distinguer les chiens malades et les chiens non malades. L’analyse statistique des pedigrees de chiens malades a ensuite montré l'origine génétique de la maladie et l’intervention d’un seul gène situé sur un autosome (chromosome non sexuel). L’étape la plus longue et la plus complexe a été l’identification de ce gène.

L’ADN de chiens malades et de chiens cliniquement sains a été analysé afin d’identifier la mutation génétique par une méthode appelée clonage positionnel. Cette méthode fait appel à des marqueurs (séquences dont la localisation sur le génome est connue) qui sont choisis pour leur positionnement à intervalles réguliers le long des chromosomes. Chaque marqueur sert de balise sur les chromosomes et l’ensemble des marqueurs donne une carte qui permet de se situer dans le génome. Ces marqueurs ont été analysés afin d’identifier ceux dont les allèles ségrégent spécifiquement avec la maladie. Une région d'un chromosome contenant le gène recherché a ainsi été délimitée, puis explorée plus finement grâce à d’autres marqueurs. Les intervalles pouvant contenir le gène ont été restreints au maximum, puis la séquence de chaque gène présent dans ces intervalles a été déterminée chez les chiens malades et les chiens cliniquement sains. Un allèle d'un gène particulier  présent massivement chez les malades (homozygotes mutés) alors qu’il est beaucoup moins fréquent chez les cliniquement sains (tout de même présent chez les hétérozygotes) a été trouvé. 
Cet allèle est celui responsable de la maladie.

Une fois le gène et ses deux allèles connus, un test génétique direct (test qui distingue l’allèle muté de l’allèle sauvage) a pu être mis au point. La technique utilisée pour ce test est brevetée par l’INRA et l’ENVA. Le résultat du test est fiable (sensibilité égale à 100% et spécificité supérieure à 98%) et valable à vie pour tout chien identifié (par puce ou tatouage).

Réalisation pratique du test

Le test génétique est facile à mettre en œuvre. L’ADN à analyser est obtenu soit à partir d’un échantillon de sang prélevé sur EDTA, soit par frottis buccal au moyen d’un écouvillon cytobrosse (l'envoi d'un paillette de sperme est également possible). Le prélèvement doit être réalisé et authentifié par un vétérinaire.

Pour réaliser le frottis buccal, il faut :

  • glisser l’écouvillon entre la gencive supérieure et la joue du chien puis appuyer avec le pouce et tourner l’écouvillon pendant 20 secondes ; sinon, il est aussi possible de brosser fermement l’intérieur de la joue en tournant l’écouvillon pendant 20 secondes 
  • casser ou couper la tige à 1 cm maximum de l’écouvillon et placer la brosse dans un tube contenant de l’éthanol à 90°

  • refermer le tube et le protéger pour l’envoi postal au laboratoire

Il est très important lors du prélèvement, de bien frotter l’intérieur de la joue pour obtenir des fragments de tissus, car la salive seule ne contient pas suffisamment d’ADN. L’animal ne doit pas avoir mangé ni bu dans la demi-heure précédent le frottis. 

Les frottis effectués à l’aide d’un écouvillon coton-tige ne sont pas acceptés. Le matériel nécessaire au frottis peut être obtenu sous la forme d'un kit envoyé par le laboratoire Antagene sur simple demande. 

Les propriétaires américains peuvent envoyer un échantillon de sang, de sperme ou le frottis buccal à OptiGen. Le laboratoire américain en extrait l’ADN et l’envoie ensuite à Antagene. Une fois le test réalisé, les résultats sont communiqués à OptiGen qui les transmet au propriétaire. 

Le délai de réalisation du test par Antagene est de 2 à 3 semaines (délai indicatif). Le coût du test génétique s’élève à 95 euros (prix public) ou 86 euros (tarif professionnel réservé aux éleveurs déclarés et aux vétérinaires) pour Antagene et à 150 dollars pour Optigen.

Page réalisée par Sabine Bouguen