ATAXIE CEREBELLEUSE HEREDITAIRE DU STAFFORDSHIRE TERRIER AMERICAIN

TRANSMISSION DE LA MALADIE


L’
origine génétique de l’ataxie cérébelleuse héréditaire a rapidement été soupçonnée à cause de la fréquence élevée de la maladie dans certaines familles de STA, par rapport à la population générale de la race. Cette hypothèse a ensuite été confirmée par exclusion des autres causes possibles pour la maladie.

Les gènes, unité de structure et de fonction du patrimoine génétique des individus, peuvent se trouver sous différentes formes ou variants appelés allèles. L'allèle normal ou "sauvage" peut subir des mutations dans sa séquence et donner un ou plusieurs allèles mutés. Certains allèles mutés sont responsables d'anomalies et de maladies, comme c'est le cas dans l'ataxie cérébelleuse héréditaire.

Chaque individu possède deux allèles pour chaque gène, l'un venant du père et l'autre de la mère. Si ces deux allèles sont identiques, l'individu est dit homozygote pour ce gène. S’ils sont différents, l’individu est dit hétérozygote pour ce gène.

La transmission de l'ataxie cérébelleuse héréditaire se fait selon un mode autosomique récessif. Cela signifie que le gène responsable de la maladie se situe sur un autosome (chromosome non sexuel) et donc que mâles et femelles sont atteints dans les mêmes proportions. Le caractère récessif implique qu’un chien ne peut développer la maladie que s’il possède les deux copies défectueuses (allèles mutés) du gène en cause. Les hétérozygotes portent un exemplaire de l'allèle muté mais ne développent pas la maladie, ils sont qualifiés de "porteurs sains".


Statut génétique et développement de la maladie

Un seul gène et une seule mutation sont en cause dans l'ataxie cérébelleuse héréditaire du STA. Trois statuts génétiques sont donc possibles vis-à-vis de cette maladie.

Déclaration de la maladie en fonction du statut génétique de l'animal


Un chien homozygote muté développera la maladie au cours de sa vie, mais il est impossible de prédire à quel âge.

L’hétérozygote est un porteur sain, il ne développera pas la maladie. En revanche, tout comme l’homozygote muté, il possède l'allèle muté et peut le transmettre à sa descendance.

Le statut génétique de chaque chien peut maintenant être déterminé grâce au test génétique.


Transmission à la descendance

Chaque chiot reçoit, pour le gène responsable de la maladie, un allèle de son père et un allèle de sa mère. Le statut génétique des descendants et donc la proportion de chiots qui développeront la maladie par portée dépendent du statut génétique des parents.

Les accouplements entre homozygotes sauvages et entre homozygotes mutés ne donnent que des chiots au statut génétique identique à celui de leurs parents pour la maladie :

  • homozygote sauvage (+/+) X homozygote sauvage (+/+) : seul l’allèle sauvage (+) est apporté par les parents, donc 100% des chiots seront homozygotes sauvages (+/+) et ne développeront pas la maladie.
  • homozygote muté (-/-) X homozygote muté (-/-) : seul l’allèle muté (-) est apporté par les parents, donc 100% des chiots seront homozygotes mutés (-/-) et développeront la maladie à l’âge adulte.
Les autres cas de figures sont exposés dans les tableaux suivants. A chaque fois, le signe + désigne l’allèle sauvage, et le signe - désigne l’allèle muté. Les proportions des statuts génétiques pour chaque portée ne constituent que des moyennes statistiques, elles ne reflètent pas forcément les proportions que l’on peut obtenir sur une portée réelle, où la distribution des allèles est aléatoire.

Accouplement d’un chien homozygote sauvage (+/+) et d’un chien hétérozygote (+/-)


Le statut homozygote du mâle et hétérozygote de la femelle est choisi ici à titre d’exemple ; on obtient évidemment le même résultat si on inverse les statuts (mâle hétérozygote, femelle homozygote). Le même raisonnement peut s’appliquer pour tous les croisements.

On obtient avec cet accouplement 50% de chiots homozygotes sauvages, et 50% de chiots hétérozygotes porteurs sains. Aucun des chiots ne développera donc l’ataxie cérébelleuse héréditaire. Cependant, ce type de croisement continue à propager l’allèle muté (-) car les chiots porteurs sains pourront à leur tour transmettre la copie défectueuse du gène à leur descendance.

Accouplement d’un chien homozygote sauvage (+/+) et d’un chien homozygote muté(-/-)


Cet accouplement produit 100% de chiots hétérozygotes. Aucun des chiots ne développera d’ataxie cérébelleuse héréditaire mais tous pourront transmettre l’allèle muté à leur descendance.

Accouplement d’un chien hétérozygote (+/-) et d’un chien homozygote muté (-/-)

Cet accouplement produit 50% de chiots hétérozygotes, et 50% de chiots homozygotes mutés. La moitié de la descendance developpera les symptômes, l’autre moitié ne sera pas malade mais transmettra la copie défectueuse du gène.

L'utilisation de chiens homozygotes mutés comme reproducteurs a longtemps été permise par l'apparition tardive des symptômes. Cela a d’ailleurs facilité la propagation de l'allèle muté dans la race. Grâce au test génétique, l'accouplement des chiens homozygotes mutés pourra être évité. 

Accouplement de deux chiens hétérozygotes (+/-)


Cet accouplement donne 25% de chiots homozygotes normaux, 50% de chiots hétérozygotes, et 25% de chiots homozygotes mutés. Un quart des chiens développera donc une ataxie cérébelleuse héréditaire à l’âge adulte.

Les hétérozygotes ne déclarent jamais la maladie et les homozygotes mutés peuvent vivre plusieurs années sans présenter de symptômes. Si on choisit les reproducteurs parmi les chiens non malades, sans connaître leur statut génétique, on prend le risque de  produire des chiots qui seront malades, et on continue à disséminer la mutation génétique au sein de la race.

La détermination du statut génétique des chiens destinés à la reproduction par le test génétique est donc indispensable aujourd’hui pour mieux planifier les accouplements et ne plus produire de chiens malades.



Recommandations pour les accouplements

L’ataxie cérébelleuse héréditaire du STA est une maladie héréditaire incurable, qui conduit généralement à l’euthanasie de l’animal. C’est pourquoi il est important de planifier les accouplements de façon à, dans un premier temps, limiter la propagation de l’allèle muté et dans un deuxième temps, éliminer cette mutation du patrimoine génétique de la race.

L’utilisation exclusive d’homozygotes sauvages (statut déterminé par le test génétique) pour la reproduction permettrait évidemment d’éliminer la mutation et de faire disparaître la maladie de la race en quelques années. Cependant, étant donné la fréquence très élevée de l’allèle muté dans la race, cela reviendrait à utiliser un nombre trop restreint de chiens pour la reproduction et donc à appauvrir la diversité génétique de la race. D’autres anomalies d’origine génétique, non prises en compte lors du choix des reproducteurs, pourraient alors voir leur fréquence augmenter.

Par conséquent, l’élimination de l’allèle muté doit se faire très progressivement, en conservant certains hétérozygotes pour la reproduction. Il est cependant impératif de leur choisir des partenaires homozygotes sauvages pour éviter de produire de nouveaux cas d’ataxie. De plus, les chiots issus de ces accouplements devront être testés génétiquement s’ils sont destinés à la reproduction, car 50% d’entre eux seront des hétérozygotes porteurs sains.
 
L’utilisation d’un homozygote muté (mâle ou femelle) comme reproducteur, est très fortement déconseillée, car celui-ci ne peut engendrer que des descendants malades ou porteurs sains. Toutefois, si un reproducteur fortement améliorateur de la race se révèle être homozygote muté et qu’il est réellement dommage de perdre ses qualités, il peut être envisagé de l’accoupler avec un partenaire homozygote sauvage. Il s’agit là d’un accouplement à réaliser à titre exceptionnel, pour sauver une lignée. Il ne pourra être envisagé qu’après dépôt d’une demande justifiée et étayée (caractère exceptionnel du reproducteur) auprès de la Commission d’Elevage de l’American Staffordshire Terrier du CFABAS (www.cfabas.fr). Les descendants, tous hétérozygotes, devront par la suite être accouplés avec des homozygotes sauvages, comme expliqué précédemment.


Mutation responsable de la maladie

La decouverte du gène et de la mutation responsable de l'ataxie cérébelleuse héréditaire du STA, brevetée au niveau international par l'INRA et l'ENVA, a permis la mise au point du test génétique. 

La fréquence de la mutation dans la race est élevée : lors de la phase de validation du test génétique, la proportion de STA français porteurs de la mutation a été estimée à 30%. En outre, les tests réalisés par le laboratoire Antagene entre septembre 2008 et mai 2009 sur 1700 chiens provenant du monde entier ont montré une fréquence de l’allèle muté d’environ 20,8%. La fréquence élevée de la mutation est donc à prendre en compte dans la planification des accouplements.

Cette mutation a pour l’instant été retrouvée uniquement chez le STA : le test génétique ne peut être utilisé pour des chiens d'autres races même s'ils présentent des symptômes similaires.

Page réalisée par Sabine Bouguen