Recherche
de procédés thérapeutiques
Depuis
de 1996, l’UETM est impliquée dans la mise au
point
d’essais thérapeutiques. Différentes
approches sont considérées et la
majorité
d’entre elles font appel au modèle GRMD pour
lequel des outils spécifiques
d’évaluation ont été
développés
par l’équipe.
Greffe de
mésoangioblastes
Coordinatrice de projet: Ane
Uriarte
Les
mésoangioblastes sont des cellules
souches adultes associées aux vaisseaux sanguins, capables
de se différencier en
cellules de la lignée mésodermique, et notamment
en cellules de muscle
squelettique. Ces cellules présentent
l’intérêt de franchir les
endothéliums
vasculaires des premiers capillaires qu’elles rencontrent et
d’être attirées
par les contextes inflammatoires, fréquents dans les
processus
myopathiques. La capacité des mésoangioblastes
à rejoindre le muscle depuis le
compartiment vasculaire a été
démontré in vivo chez des
souris dystrophiques (Sampaolesi et
al., 2003).
En collaboration avec le groupe de
Giulio Cossu du Stem Cell Research Institute de Milan, nous avons
montré, chez
les chiens GRMD, que la greffe de mésoangioblastes restaure à des
niveaux très satisfaisants
l’expression de la Dystrophine manquante
dans de nombreux groupes musculaires et
qu’un bénéfice fonctionnel y est
associé (Sampaolesi et al., Nature 2006).

Extrait de
Sampaolesi et al., Nature 2006
(A-C') Marquage
Azan Mallory sur coupes transversales de biopsies musculaires
effectuées chez un chien traité par greffe
hétérologue (mésoangioblastes venant
d'un donneur
sain) (A,A'), chez un chien traité
par greffe autologue (mésoangioblastes
venant du chien malade lui-même et corrigés
génétiquement) (B,B'), et chez un chien
non traité (C, C').
(A", B") Immunomarquage anti-Dystrophine (rouge) et
marquage DAPI (bleu) de
coupes transversales de biopsies musculaires montrant la restauration
de l'expression de la dystrophine chez les chiens traités.
Ces résultats
prometteurs donnent un
nouvel élan à la recherche en matière
de thérapie cellulaire. Cependant, un
point reste à éclaircir. Chez les chiens GRMD
traités, nous avons observé que
l’expression de la dystrophine variait d'un muscle à
l'autre et au sein d'un même muscle,
suggérant
que les mésoangioblastes aient une distribution et/ou une
capacité de
colonisation des muscles non homogène. Pour comprendre cette
variabilité, et
surtout d’optimiser la stratégie, nous avons
démarré une étude non
invasive consistant à suivre le devenir de
mésoangioblastes radio-marqués après
leur
injection chez le chien. Ces examens
sont réalisés dans
le centre anticancéreux vétérinaire de
l’EVNA, en collaboration avec l’équipe
du Dr Patrick Devauchelle.
Saut
d’exon thérapeutique
Coordinatrice de projet:
Inès
Barthélémy
Chez les chiens GRMD, le
gène codant pour la Dystrophine porte une
mutation au niveau du
site accepteur d’épissage de l’intron 6.
Il en résulte soit la rétention de
l’intron 6 (A), soit la perte de l’exon 7 (B) soit
occasionnellement la perte
des exons 7 et 8 (C). Ces trois formes d’ARNm entrainent un
décalage du cadre
de lecture
traductionnel et en
conséquence la production d’une
protéine tronquée non
fonctionnelle.
Adapter
à partir des illustrations de Luis Garcia (Institut de
Myologie)
Le
saut d’exon thérapeutique est une
stratégie qui consiste à rétablir un
cadre de
lecture fonctionnel en empêchant
l’incorporation d’un ou plusieurs exons lors du
processus
d’épissage. Pour ce faire des
oligonucléotides
antisens sont utilisés pour masquer des régions
nécessaires à l'épissage. Dans le
cas particulier de la dystrophine canine, l’excision des
exons 6
à 8 du
transcrit restaure un cadre de lecture
opérationnel.

Adapter
à partir des illustrations de Luis Garcia (Institut de
Myologie)
En collaboration avec le
groupe de Luis Garcia de l’Institut de
Myologie (Pitié-Salpêtrière), nous
évaluons le bénéfice biologique
apporté par
cette stratégie chez le chien GRMD. Le saut d’exon
est induit à l’aide
d’oligonucleotides anti-sens complémentaires des
sites d’épissage exoniques
(ESE) des exons 6 et 8. Afin de protéger les
oligonucleotides des processus de
dégradation cellulaire, ils ont été
associés à de petits ARNs nucléaires
(U7snRNAs). Les constructions sont vectorisés dans des AAV
(Adeno-Associated
Virus) non réplicatifs produits par le
groupe de Robert Kotin (Laboratoire de Biochimie et de
Génétique, National
Institutes of Health, USA). Après injection
intramusculaire de
la construction vectorisée, nous avons observé
l'expression d'une dystrophine
tronquée mais encore fonctionnelle, dite
« quasi-dystrophine ».

Expression de la Dystrophine
visualisée par immunomarquage fluorescent sur des
sections transversales de biopsies de biceps fémoral de
chien sain,
de chien GRMD et de chien GRMD traité (trois mois
après injection
intramusculaire de 3.5x1012 vg d'AAV2/1-U7-ESE6/U7-ESE8)
Nos résultats
démontrent pour la première fois qu’il
est
possible d’induire un saut multi-exonique, et ce chez un
animal de grande
taille. Une telle stratégie, appliquée aux
êtres humains, permettrait d’augmenter
de manière considérable le nombre de patients
susceptibles d’être traités par
saut d’exon thérapeutique. Nos
résultats apportent aujourd’hui une preuve de
principe, cependant, avant d’envisager des essais cliniques
humains, il nous
faut développer une méthode
d’administration systémique.